Aujourd'hui, bande-son typiquement du cru !
A Trouville, il y a une criée aux poissons magnifique, un bâtiment qui en jette. (Je le dessinerai une prochaine fois, mais en attendant, voilà leur recette de bulots mayonnaise et de mojidos, le fameux mojito au calvados : vous m'en direz des nouvelles...)
Ce que je préfère à la criée, c'est le bar d'en face, tout petit entre les boutiques de souvenirs, mais plein de pêcheurs et des gens du coin qui prennent leur petit déjeuner (bulots et kir normand, tout va bien.)
Et voilà que le patron me salue "J'vous ai reconnue à vot' peinture" et il me commande une aquarelle de son bar. En 3 heures, je tirerai le portrait aux nombreux badauds qui rentrent du marché et prennent un p'tit pousse café au soleil.
Le temps que je vérifie les proportions au crayon à papier et que je repasse à l'encre (avec patience, comme Gérard Michel et Fabien Denoël de Belgique), les badauds en question défilent. Si bien que deux heures plus tard, un camelot me demande pourquoi je l'ai dessiné en fille...
Ensuite j'ai passé l'aquarelle, très peu d'eau pour conserver les couleurs vives et le papier fragile. Et puis les badauds qui sont partis, ma foi, de mémoire ! Je finis à l'heure du repas, le marché en face va fermer, et tout le monde est rentré. D'ailleurs le bar ferme à 19 heures...
Depuis la terrasse, on voit les chalutiers. J'essaye d'en capter les détails des cabines avec des techniques différentes : à dessiner en série, on comprend mieux les choses compliquées, on les apprivoise...
Celui en haut à droite a en plus reçu un traitement spécial à l'huile (celle que j'ai dessiné... et renversé, voir plus bas) : l'accident à l'huile est heureux, ça fait drôlement ressortir les couleurs et ça donne un fondu sympathique. Par contre, il faut mettre d'urgence du buvard...
En bas à gauche, les éboueurs de Trouville, vraiment écolos. Un p'tit jus vert leur ira au poil. A côté de moi au bar, des turfistes parisiens venus passer la journée au vert, justement... Cet été, on a remarqué que beaucoup de Parisiens ont préféré profiter de petites journées en Normandie par ci par là que des coûteuses vacances lointaines. En même temps, il a fait très beau...
Après avoir apprivoisé la bête, je tente un portrait en grand avec reflets, vaguelettes et tout et tout...
Du haut de Trouville, il y a un point de vue sur la maison de Marguerite Duras face à la mer. Elle disait qu'elle n'allait jamais sur la plage, elle ne faisait qu'écrire... Je tente une technique Veronica Lawlor pour ce dessin : "jouer avec l'encre et la couleur, la ligne et les formes, tout ce qu'on veut... "
Et voilà qu'un homme se pointe avec un bouquet de marguerites qu'il lance presqu'à une Juliette sur son balcon. Y a pas à dire, c'est plein de héros littéraires par ici ! La maison de Proust est juste à gauche, ce sera pour la prochaine fois...
Mon frère habite en Chine avec sa femme. Je les ai manqués la dernière fois. Ils sont un peu là à travers les objets chinois qui fleurissent après chacun de leur passage.
Des objets de vie quotidienne, comme les bottes fourrées pour supporter le froid (à Schenzhen, c'est les tropiques... Climat mis à part, en 1980, c'était un village de pêcheurs comme Trouville, ça a bien changé...)
Des journaux et des livres en chinois, du maquillage et de l'huile pour les cheveux (celle qui améliore les dessins, voir ci-dessus...), des tas de service à thé... Quand les êtres chers habitent loin, ces objets si banals en deviennent touchants.