1ER JOUR
Le festival de carnet de voyage et reportage dessiné à Brest, organisé par ENKI. Souvent, ces festivals commencent dans le train ! Philippe Bichon me croise en allant prendre un café au wagon bar. En plus, notre voisin vient de Wallis et Futuna, il porte la jupe traditionnelle. C'est parti !
On rencontre aussi François Bihorel, des peintures extraordinaires, il a débarqué du train avec des belles valises anciennes pleines de dessins.
Au Fourneau, la salle des arts de rue de Brest, on monte notre stand, et on s'échappe dessiner le port avec Philippe Bichon et Sylvie Bargain.
Petites manoeuvres d'un voilier, pas de doute, ils sont marins et jouent avec les vagues. Mais soudain, on ne voit plus rien : la mer monte, la grande Abeille Bourbon (remorqueur d'assistance) couvre l'horizon !
Le soir, concert de musique Tzigane. Le groupe O Shuno (le rêve en Romani), Philippe Bichon me dit qu'il entend les racines indiennes dans les accords, fascinant !
2EME JOUR
Les visiteurs sont chouettes, des voyageurs souvent, et même des carnettistes sonores, comme Mélanie et Tristan (www.tamatam.fr) ou Brigitte dont je tire le portrait tandis qu'elle nous interroge. Mes voisins ont un stand qui fait rêver, plein de roulottes volantes et d'arches de Noé. (Léa Tirmant-Desoyen et Paskal Tirmant) Et quand ils te racontent la naissance des oeuvres, c'est encore plus beau !
Le soir, on fait du "artiste couch surfing", très chouette ! On est tous hébergés chez des Brestois : moi, c'est Marion Le Bec (et le chat) qui m'accueille comme si j'étais de la famille. Le premier matin, on va chez l'imprimeur chercher ses affiches (elle a réalisé l'affiche du festival). Comme Lapin, elle imprime chez un imprimeur local, pas sur internet. Commerce équitable.
Et sous le chapiteau, concert de Amari Famili, avec les chansons Tziganes extraites de leur album Airs d'accueil...
3EME JOUR
Au festival, on retrouve aussi des artistes rencontrés lors d'autres festivals, et qu'on suit sur internet. La Plagne, Clermont Ferrand... Damien Roudeau présente les dessins qu'il a réalisés avant le festival dans la rade de Brest, plein de bateaux et de portraits, c'est vivant. Je rencontre aussi des nouveaux artistes comme Violette Gentilleau. Je leur pose trois questions :
C'est quoi, le meilleur souvenir de reportage dessiné en France ?
- Violette : Un festival itinérant intergénérationnel dans les Vosges. Tellement de rencontres inédites, des lieux incroyables, et puis j'étais logée chez les gens, et les organisateurs étaient fantastiques. Un jour, je dessinais dans une maison de retraite, un pensionnaire jouait de l'accordéon et tout le monde reprenait avec lui des chansons des années 20 !
- Damien : Le projet à Saint Denis, dans le quartier Sémard. Avec Guillaume Reynard, des rencontres chez les gens, des dessins sur le vif, à suivre et à voir ici : Semarensemur, c'est marrant ces murs.
Et à l'étranger ? Ta plus belle rencontre ?
- Violette : En Inde, je suis allée à Auroville par hasard, le hasard fait bien les choses. Et ma plus belle rencontre, c'est avec l'homme sans nom, dans une ville sainte indienne, un homme sadou qui a renoncé à tout. C'était un bel échange, il a dit que c'est sa plus belle rencontre aussi.
- Damien : En Inde, avec une femme sculpteur de Calcuta. Je ne parle pas Bengali, on communiquait avec le dessin, et l'ambiance était chouette avec tous ses ouvriers.
Le reportage dessiné, une définition ?
- Violette : Le témoignage en dessins, avec ton regard et ta sensibilité, sans jugement.
- Damien : Poser des questions, et répondre en dessins.
Le soir, on va dessiner au pub, musique et bière bretonnes, et les canards. Marion est dans le journal ! (le télégramme, ouest france...). On lance la session portrait avec Sylvie, Lapin, Gérard Michel qui est venu de Belgique avec son fils Antoine, et c'est Ronan Hervé qui dégaine le plus vite les crayons !
4EME JOUR
Personne me croit quand je dis qu'il a plu le matin. Une averse de 3 minutes, premier croquis sous un parapluie ! (Rue Poullic al Lor, vue sur le port)
Retour au Fourneau, y a même une fanfare !
Et Jill Donald, une artiste écossaise incroyable qui a voyagé en Afghanistan avec des archéologues anglais dans les années 70, ses carnets d'époque sont merveilleux, calligraphiés... Je la dessine pendant que William de la revue Bouts du monde l'interviewe. Si vous passez à Brest, contactez la !
J'ai aussi adoré revoir les Tribulants, admirer les croquis de nuit de Marion Zilbermann et les planches de Nibor, découvrir les univers de Vivi Navarro et Marie-Hélène Puget, les portraits Tziganes de Kkrist Mirror et le carnet de Tchernobyl de Gildas Chasseboeuf.
J'en profite pour remercier l'association Enki pour son accueil, la chaleur de ses bénévoles, l'énergie de Agnès, Véronique, Josiane, Pierre-Henri, Cathy, Leila, Marie-Paule... Merci pour tout !
La fin d'un festival, c'est toujours un peu triste. Sarah Letouzey ajoute un peu de magie aux aurevoirs difficiles avec sa marionnette géante, pleine de poésie. Philippe Bichon met de la musique sur ses pas dansants.
5EME JOUR
De retour à Lyon, le thème du festival me rattrappe en descendant du train...
6EME JOUR
Je reçois dans ma boîte aux lettres un mot sympa d'une visiteuse de Brest, ça résume la chaleur des gens de Brest, une ville où on ne fait pas que passer, et ce n'est pas seulement parce que c'est au bout du Finistère.
(c'est Jill Donald ! à bientôt)