Alors voilà, tu es là, tu regardes autour de toi, t'es perdu.
Et puis à force, tu t'habitues. les gens ne te regardent plus, tu fais enfin partie du décor, tu es un peu chez toi.
Au début, t'avais un peu peur, parce que les mecs sont un peu rudes. Mais ils bossent dur, dans ce quartier, la vie ne les épargne pas. Et puis il y en a un qui te sourit, il t'offre un thé, il te dit bonjour. "Techukur" (*merci).
Je reviendrais bien demain, moi.
Ce jour là, le marchand de tissu était très amusé que je passe un moment assise sur son trottoir. J'ai choisi cet endroit parce qu'il était exactement comme je me l'imaginais, ça me rappelait la fourmilière du Caire : des gens, des gens, des gens. Ah, tu ne te sens jamais seul.
Mais ici, tout le monde te respecte. je dessine les passantes affairées à choisir un foulard. Les enfants m'entourent et ne veulent plus me quitter quand leur mère les appelle.
Je ne parle pas un mot de turc. Et pas question de parler arabe ! "C'est pas la même chose" nous répètent-ils sans cesse. En partant, je salue le marchand, il lève la main d'un geste lent : ici, on sait prendre le temps de faire les choses.